À VOIR À LIRE vous parle de GALATÉE ou la rencontre surréaliste de Dalì et Gala

14 Oct 2019

À VOIR À LIRE vous parle de « GALATÉE ou la rencontre surréaliste de Dalì et Gala »

Coup de cœur pour ce spectacle qui présente tant de qualités !

Résumé : Salvador Dalí avait le génie de fondre le rêve dans la réalité. Son histoire d’amour avec Gala fut le chef-d’oeuvre de Dalí. Pendant quarante-cinq ans, ce couple mythique vécut un rêve éveillé, dans la fusion et la démesure, avec dérision et humour. Un amour fusionnel, complexe, mystérieux, génial ou fou à l’image des toiles du Maître. S’inspirant du « couple tridimensionnel » formé par Eluard–Gala–Dalí, la pièce nous entraîne dans une fiction mystérieuse et intrigante, une pièce surréaliste, à tiroirs et jeux de miroir sur le génie, la folie, le désir, la peinture, la philosophie… et l’amour.

Notre avis : Dans la mythologie grecque, la légende raconte l’histoire du sculpteur Pygmalion, qui tombe amoureux de sa création, Galatée, une statue rendue vivante grâce à Aphrodite. La déesse de l’amour exauçait ainsi le vœu de Pygmalion.
Baptiste Carrion-Weiss campe avec beaucoup de talent un des pygmalions du surréalisme : Salvador Dali, alors jeune inconnu, drogué et qui ne se lave plus dans l’attente de sa muse. Athlétique de corps et d’esprit, il est « en état permanent d’érection intellectuelle ». Bondissant, exubérant, extravagant, il s’adresse au public pour embarquer notre esprit. Rebelle et philosophe à la voix essoufflée, Baptiste Carrion-Weiss alterne les séquences avec agilité, entre rêve éveillé et réalité virtuelle, folie des grandeurs et génie du geste.

À côté de lui puis tout contre, Eva Ramos incarne avec fougue Gala, autrement dit Elena Ivanovna Diakonova, d’abord muse de Paul Eluard et de Max Ernst. Condescendants, ils ont en commun la faculté d’humilier leur entourage, avec violence et insultes. Les duos s’entrecroisent avec l’arrivée de Maria, sœur de Dali (interprétée avec beaucoup de justesse par Lola Blanchard), qui change de couleurs et de facettes au fil de l’histoire et des visions droguées de Salvador. Avec une technique très maîtrisée, Théo Delezenne est successivement Paul Éluard, amant martyrisé par Gala, comploteur et plombier. Les histoires sont à la fois parallèles et entrecroisées, pleines de contrastes et de similitudes. Il y a une parfaite harmonie entre les quatre comédiens électriques, au courant continu, grâce à un rythme effréné.

Une réelle force se dégage de cette troupe au diapason, servie par une direction d’acteurs qui est au bénéfice de l’ensemble. Mathilde Aurier a un double talent : exceller aussi bien dans l’écriture esthétique que dans la mise en scène agile. Ses mots sont incisifs et poétiques. En mêlant recherche, documentation et imagination, elle nous offre une petite merveille dans l’écrin du Théâtre de la Contrescarpe.

Il n’y a aucun bémol à ce spectacle. C’est une réussite totale, qui fait vraiment honneur à la création contemporaine et à sa nouvelle génération. Épatante, la jeune Compagnie du Cri possède un savoir-faire magistral. On attend avec impatience sa prochaine œuvre.