BAZ'ART vous parle de FAUSSE NOTE

9 Nov 2019

BAZ’ART vous parle de « FAUSSE NOTE »

Fausse Note : une mise en scène où tout sonne juste au Théâtre de la Contrescarpe !
Vous nous connaissez désormais assez bien pour savoir que nous sommes des habitués et de grands amateurs de la programmation du Théâtre de la Contrescarpe. On ne déroge donc pas à la règle en vous invitant chaleureusement à aller voir Fausse Note, dans une nouvelle version de Didier Caron.
Nous sommes en 1989. L’Europe est en émoi, bruissant des rumeurs provoquées par la chute du mur de Berlin qui pourrait conduire à celle, imminente, du régime communiste. Dans sa prestigieuse loge du Philarmonique de Genève, le grand chef d’orchestre Hans Peter Miller (Pierre Azéma) sort harassé d’un concert massacré, selon lui, par ses musiciens. Heureusement, son départ pour Berlin est proche. Berlin, ville qui connaît un moment historique. Berlin, qui le consacrera, demain.

Il savoure, un verre de Bordeaux à la main, ce moment de solitude bien mérité. Jusqu’à ce qu’à sa porte frappent trois coups : un admirateur venu de Belgique pour l’écouter, un certain Léon Dinkel (Pierre Deny) souhaite absolument lui témoigner toute son admiration. Un autographe, rien de plus. Très bien, merci. Après quelques minutes, le voilà reparti comme il est venu. Puis, retentissent à nouveau trois coups.

Il a oublié de lui demander une photo, juste une, pour sa femme Sarah, qui est elle aussi une fervente admiratrice du Maestro. Elle n’a pas pu venir, à son grand regret, mais lui transmet ses plus sincères salutations. S’il savait comme elle l’admire. C’est tout, c’est bien tout ? Dinkel quitte à nouveaux les lieux, s’enfonçant dans la nuit noire et froide de ce soir d’hiver. Pour, vous l’aurez deviné, revenir quelques instants plus tard dans la loge, avec cette fois, l’intention de ne pas en repartir de si tôt…
Brutalement, l’atmosphère se tend. De sympathique, l’admirateur se fait intrusif, puis inquiétant. Miller réclame la paix, ne supporte plus l’audace de Dinkel, ses allusions à sa vie personnelle, son adresse, le prénom de ses filles. Sa mine bienveillante devient celle d’un calculateur, déterminé, bien décidé à mettre en œuvre un plan fomenté depuis, selon lui, tellement longtemps. Pendant que le Maestro est sous la douche, il coupe les fils du téléphone, se serre allègrement un verre, puis, dissimule un objet dans la loge que le Maestro devra retrouver, sous la menace d’un revolver… Le jeu devient macabre, l’étau se resserre, les masques vont pouvoir enfin tomber.

On ne se risquera pas à vous dévoiler les motifs de cette bascule, de peur d’attirer vos foudres. Vous nous en tiendrez d’ailleurs rigueur et vous auriez raison. Vous vivriez la progression de la pièce avec moins de passion, moins de suspens. Vos émotions ne passeraient pas de la peur de l’un à la peur pour l’autre, si brusquement.

Préparez-vous à une tension implacable du début à la fin, à un saut d’un camp à un autre, à une rafale de questionnements parmi lesquels : mais qu’aurais-je fait à sa place ? Comment ne pas vouloir se venger, quand on nous a détruit ainsi ? Qui est celui qui souffre le plus, dans ce face-à-face ?
Menée habilement à la baguette par Didier Caron (assisté de Christophe Luthringer), la mise en scène de Fausse Note juxtapose moments de tension allant piano piano, puis crescendo, et respirations musicales venant parfois, porter à leur comble le drame de l’évocation de souvenirs atroces. Les rebondissements s’enchaînent, tirent sur la corde de nos nerfs, relançant sans cesse notre attention et notre perplexité devant une situation si inextricable.

Pierre Deny et Pierre Azéma nous livrent chacun une interprétation parfaite, sans fausse note où tout sonne juste. Prendre parti pour l’un ou l’autre devient, à certains moments, quasiment impossible.

L’ensemble compose une partition impeccable que l’on voudrait écouter encore et encore, pour que vibrent, encore, nos émotions.