JE N’AI QU’UNE VIE vous parle de EN MODE SOUCI

19 Sep 2021

Guillaume d’AZEMAR FABREGUES pour JE N’AI QU’UNE VIE vous parle de  » EN MODE SOUCI « 

En mode Souci à La Contrescarpe : Philippe Fertray, clown poète, ludion, trublion revient avec ses mots inventés mettre notre époque face à ses travers et à ses contradictions. Un spectacle où le rire est intelligent, à savourer d’urgence.

Sur la scène, un amas d’objets hétéroclites esquisse la silhouette d’un bonhomme. On y aperçoit une table, deux chaises, quatre vestes, un sac de courses, une paire de chaussures, une planche à repasser. Et des fleurs, emblématiques de Philippe Fertray. D’ailleurs le voilà, en short et tongs, qui déplie un matelas de plage, jouant de ce son particulier qu’émettent tous les pieds qui se décollent d’une surface plastique. Quelques mouvements. « Ben oui, je prends soin de moi ».

C’est parti pour 90 minutes de rire. Attention, pas du rire de tout, pas du rire graveleux, ni du rire jaune, ni du rire intellectuel non plus. Du rire intelligent autant que poétique, qui fait autant travailler nos neurones que nos zygomatiques. Comme Marc Favreau (Sol) en son temps, il invente des mots qui mettent son époque face à ses travers et ses contradictions. Des mots qui lui permettent d’être politiquement incorrect sans tomber dans la caricature facile.
Le spectacle s’ouvre sur une évocation magique de la grippette chinoise. On va croiser un coach, une coiffeuse, un intellectuel de l’art contemporain, un démonstrateur de masque invisible, écrire une lettre à Xin Ji Pin. La salle rit d’un bout à l’autre, d’un rire franc, d’un rire décalé des quelques instants qu’il faut à ses neurones pour rabouter le sens du mot qui vient de surgir. Si vous avez vu Pas de Souci ou En Mode Projet, ses précédents spectacles, vous apprécierez d’en retrouver comme de vieux amis les meilleurs moments revisités. Vous savourerez le texte plein d’émotion qui clôt le spectacle.

Philippe Fertray est un ludion, un trublion, le Fou de notre époque, il invente des mots pour mettre notre époque face à ses travers et à ses contradictions. C’est un homme éminemment sympathique et généreux. Deux ans de crise pendant lesquels il a regardé le monde en télévisuel lui ont inspiré de nombreux textes, j’attends déjà son prochain spectacle. Comme son T-shirt l’affirme, il donne tout… mais il ne lâche rien, pour la plus grande joie d’une salle enthousiaste et comblée.
J’étais accompagné de Baroudeur, plié en deux du début à la fin du spectacle. Son avis : « c’est un spectacle comique où un homme raconte des histoires sur le monde où on vit. J’ai trouvé ça super bien, adapté à tous les âges. Les gens dans la salle riaient tout le temps, mais pas tous aux mêmes choses. » Et de P’tit Bonhomme, qui a un coup de cœur pour le débat télévisé et l’artiste contemporain.

Laissez-vous aller, (re)prenez une dose de Fertraythérapie, ça ne fait que du bien.