LE BRUIT DU OFF TRIBUNE vous parle de GALATÉE ou la rencontre surréaliste de Dalì et Gala

21 Oct 2019

LE BRUIT DU OFF TRIBUNE vous parle de « GALATÉE ou la rencontre surréaliste de Dalì et Gala »

« Galatée ou la rencontre surréaliste de Dali̇́ et Gala » est un délire trépident, une pure invention, enfiévrée et réjouissante. Il est sans doute regrettable que soient annoncés des échanges philosophiques et surréalistes. On retrouve certes la cuiller de Dali̇́, un phénomène de toile blanche, l’anxiété de la commande pour l’artiste libre, et la question du génie isolé… Mais le propos est ailleurs : c’est une rencontre amoureuse dont l’extrême originalité est de convoquer le réel et de le revêtir des fantasmes d’un subconscient génial et, disons-le, torturé -peut-être malade. La seule certitude, c’est l’amour.

Mathilde Aurier relève le pari de retenir l’attention, et une attention bienveillante. Le texte a des passages très heureux qui révèlent une réelle qualité de plume et un évident talent littéraire. Ses saillies contrebalancent les quelques faiblesses du dialogue amoureux, et une chute un brin expéditive. Une première œuvre permet d’apprécier un potentiel, et Mathilde Aurier est d’ores et déjà pleine de promesses.

La mise en scène est, à l’image du texte, pleine d’astuces, savoureuse, et gagnerait à se débarrasser de ses quelques clichés. Aurier déploie une heure dix d’ingéniosité et de trouvailles. On devine, à l’aune de la créativité qu’elle déploie, sa capacité à aller plus loin dans le démantèlement des clichés dramatiques. « Galatée » est un rêve : tout est possible, tous les carcans scéniques peuvent exploser ; Mathilde Aurier, explosez-les. La partition de la scène en deux pour juxtaposer les vies parallèles de Gala et Dali̇́ est-il le choix le plus audacieux ? Le gain en structure désinvestit légèrement la démarche onirique en même temps que la quête surréaliste.Sur scène, les jeux sont dissonants. Eva Ramos (Gala) est juste et charismatique, elle a cette singularité dans l’interprétation qui ressemble à une signature. Le jeu de Baptiste Carrion-Weiss (Dali̇́) est habité mais souffre parfois d’une recherche du mieux, ce grand ennemi du bien. Lola Blanchard (Maria Dali̇́) a le jeu sûr, plutôt normé pour du théâtre « bourgeois », qui jure un peu avec l’intention générale. Théo Delezenne est plus fragile, l’émotion manque de l’épaisseur d’un hors-texte, exigeant le recours à quelques artifices, dont l’exécution nuit à l’écoute de ses partenaires de scène. Les comédiens se rencontrent néanmoins, et c’est une agréable surprise, dans ce texte libérateur et profondément ludique : le plaisir est évident, et partagé par une salle séduite.

Marguerite Dornier