VERSION FÉMINA vous parle de GALATÉE ou la rencontre surréaliste de Dalì et Gala

2 Jan 2020

VERSION FÉMINA vous parle de « GALATÉE ou la rencontre surréaliste de Dalì et Gala »

On aime : la pièce de théâtre « Galatée ou la rencontre surréaliste de Dalí et Gala »
Découvrez notre avis sur la pièce « Galatée ou la rencontre surréaliste de Dalí et Gala », qui se joue à Paris, au théâtre de la Contrescarpe.

« Je n’ai jamais dans ma vie fait l’amour avec quelqu’un d’autre que Gala », confiait Salvador Dalí en 1961 – avant sa rencontre avec Amanda Lear, quelques années plus tard, donc -, dans l’émission Gros Plan qui lui était consacrée. Une passion folle, qu’il partagea durant 45 années avec sa muse avant qu’elle ne s’éteigne. Et quoi de plus séduisant que d’emprunter les sentiers du surréalisme pour raconter cette rencontre exaltée entre celle qui fut l’épouse du poète Paul Eluard et son génial Pygmalion de mari ?

Dans l’atmosphère intimiste du petit Théâtre de la Contrescarpe, Mathilde Aurier, qui a écrit la pièce et l’a mise en scène, embarque le spectateur dans un univers furieusement onirique, l’arrachant aux conventions de temps et de lieu. À gauche, Gala, prisonnière d’une chaise roulante – référence au sanatorium dans lequel on la soigna d’une tuberculose – à droite, Dalí, alternant phases de demi-sommeil et d’éveil enflammées, installé dans un fauteuil exubérant. D’un côté, une femme fougueuse, impétueuse et avide de liberté, en couple avec l’ambivalent Paul Eluard, de l’autre, un homme fantasque, torturé et délirant, pris en main par sa sœur, Maria Dalí.

Au fil des scènes, ces deux personnages se frôlent, sans que l’on ne sache vraiment s’ils se rencontrent réellement. A la façon de Dalí, qui peignait ses rêves aussitôt qu’il se réveillait – il tenait pour ce faire une cuillère en argent dans sa main avant de s’endormir, assis, attendant que le bruit de la chute de l’objet sur un plateau métallique posé à terre ne le réveille aussitôt qu’il sombrait – on ne sait jamais vraiment quelle est la part de songe ou de réalité. Mais une fois accepté le bouleversement des codes de la narration – présent et passé se confondent autant que fantasme et réalité – on se laisse complètement entraîner dans l’atmosphère de cette pièce aussi extravagante que ses personnages.

L’agilité du texte, la justesse des acteurs, le rythme intense, sans cassure, la profondeur et la liberté du propos, tous les éléments concourent à notre plaisir et on ne décroche pas une seconde. C’est poétique, brillant, – très – drôle et jubilatoire, pour peu que l’on accepte de se laisser emporter dans l’irrationnel. Dalí aurait-il rencontré Gala en songe avant même de faire réellement sa connaissance, tel le sculpteur Pygmalion qui tomba éperdument amoureux de sa statue, Galatée, rendue ensuite vivante par Aphrodite ? On finit par le croire, comme si cette histoire d’amour ne se passait ni ici, ni maintenant, mais partout et constamment, en guettant, sait-on jamais, le tintement d’une petite cuillère en argent.